Pourquoi recourir à un
traducteur professionnel ?
À l’ère de Chat GPT, vous êtes certainement nombreux à penser qu’on peut se passer d’un traducteur professionnel.
N’y connaissant pas grand chose en matière de traduction, vous choisissez de faire confiance à une machine. Si vous ne savez pas, elle sait. L’IA est maintenant devenue intelligente, efficace et gratuite :
* Plus besoin de se préoccuper de trouver un traducteur – ça tombe bien, vous n’en connaissez pas !
* Aucune nécessité de négocier le prix de votre traduction. D’ailleurs, n’ayant aucune idée des tarifs pratiqués, vous redoutez de vous faire plumer.
* Et tout cela sans attente. Avec ChatGPT, votre traduction vous est servie quasi immédiatement.
Que demander de plus ? L’IA n’a que des avantages. Elle fera donc le travail de traduction pour vous.
Le professionnel de la traduction vous répondra que si la qualité de la traduction vous importe peu (ça arrive ?), vous pouvez foncer. En revanche, si vous souhaitez vous servir d’une telle traduction comme d’une vitrine pour votre entreprise, faites preuve de la plus grande prudence.
Je vous propose de regarder aujourd’hui ce qu’un traducteur professionnel peut vous apporter comparé à une machine.
C'est quoi une langue ?
Tout d’abord, essayons de comprendre en quoi consiste une langue.
Une langue permet à plusieurs personnes de communiquer et de se comprendre.
Mais il ne s’agit pas uniquement d’une succession de mots que l’on peut transposer dans le même ordre d’une langue à une autre. Les raisons à cela sont multiples :
- Certains mots disponibles dans une langue n’ont pas d’équivalent « parfait » dans une autre langue.
- Chaque langue dispose d’une syntaxe qui lui est propre. Les phrases ne sont pas construites de la même façon, les mots n’apparaissent pas dans le même ordre, l’adjectif par exemple se place avant le nom dans une langue, mais après dans une autre langue.
- Une langue reflète un mode de pensée spécifique, qui varie en fonction du lieu (pays ou région), du mode de vie, de l’histoire, des habitudes culturelles, religieuses…
En bref, une langue est la somme de
nombreux paramètres linguistiques et sociaux
et le résultat de millénaires d’évolution.
Quel est le rôle du traducteur ?
Le traducteur est un pont qui permet de relier deux langues, deux pays et deux cultures. Sans lui, la communication serait difficile, voire impossible, entre des personnes issues de pays différents. Le traducteur se fraie un chemin parfois ardu entre des syntaxes et des concepts plus ou moins éloignés. Il permet à des idées de voyager d’une rive à l’autre.
La pensée ne se conçoit pas et ne s’énonce pas de la même façon dans tous les pays du monde. Les concepts sont articulés selon un mode de pensée spécifique à chaque langue, voire à chaque pays. Le Québécois utilise parfois des expressions qu’un Français ne comprendra pas, et inversement.
Par conséquent, une pensée énoncée dans une langue peut se révéler bien complexe à transposer dans une autre langue. D’où la célèbre expression italienne Traduttore, traditore, c’est-à-dire « le traducteur est un traître » : il est difficile, voire parfois impossible, de transposer fidèlement et à 100 %, sans rien ajouter ni retirer au texte original.
« Une langue façonne notre manière de penser et détermine le type de pensées que nous pouvons avoir »
Benjamin Lee Worf, linguiste et anthropologue américain
Comment l'IA traduit-elle d'une langue à une autre ?
Non, l’IA n’a pas appris à parler une langue étrangère comme nous les humains l’avons fait. Elle n’a pas non plus passé des années à l’étranger.
Et non, elle ne « comprend » pas vraiment les mots, quelle que soit la langue.
L’IA fonctionne sur une base algorithmique, c’est-à-dire qu’elle a été alimentée par des quantités astronomiques de données, en l’occurrence des millions de traductions préalablement réalisées par des traducteurs ou des machines. À partir de toutes ces données, elle va « apprendre » à reconnaître des modèles parmi ces immenses ensembles de données : des associations de mots, des bouts de phrases.
Elle va ensuite en tirer des conclusions sur une base statistique, considérant que les modèles qui apparaissent de manière fréquente sont corrects. Et peuvent donc être répétés.
Qu'apporte un traducteur professionnel ?
Le traducteur maîtrise une ou plusieurs langues étrangères
Le traducteur maîtrise en général très bien une ou plusieurs langues étrangères, et a en général vécu pendant une période plus ou moins longue à l’étranger, pour y perfectionner ses connaissances linguistiques.
Cela lui a également permis de connaître le mode de vie, les habitudes culturelles, les spécificités, etc.
Le traducteur manie aussi parfaitement sa langue maternelle
Le traducteur maîtrise par ailleurs parfaitement toutes les spécificités de sa langue maternelle : orthographe, grammaire, syntaxe, règles typographiques…, ce qui lui permet de fournir une traduction rédigée dans les règles de l’art.
Mais le traducteur est avant tout un expert en traduction
Un traducteur est surtout un spécialiste de la traduction, c’est-à-dire du passage d’une langue à une autre.
Avoir appris les langues étrangères permet de comprendre un texte, mais n’apporte aucune garantie quant à la qualité d’une traduction.
Outre ses connaissances approfondies d’une ou plusieurs langues étrangères, le traducteur a été formé aux techniques de traduction, entre autres :
- Recherche terminologique : le traducteur saura adapter la terminologie au domaine concerné et vérifiera qu’il utilise bien le bon mot dans le bon contexte.
- Recherche documentaire : cela signifie que le traducteur effectue des recherches sur le domaine en question.
- Adaptation et localisation : chaque pays ayant des habitudes et spécificités, certains éléments nécessiteront une explication de texte (pensez par exemple aux spécialités culinaires d’un pays), voire une modification de toute une partie d’un document (pour des raisons culturelles, politiques, etc.).
- Calque, emprunt lexical : certaines langues utilisent beaucoup d’emprunt à une autre langue, d’autres moins. L’italien par exemple emploie de nombreux termes anglais, bien davantage que le français.
- Traduction littérale, transposition :
- Niveaux et registres de langue : on n’emploie pas le même registre de langue pour un texte juridique, un roman, un article de blog…
- Modulation, étoffement : le français aime la précision alors que l’anglais est très souvent succinct. En français, il est souvent nécessaire de compléter par un verbe ou une périphrase.
- Révision, relecture, analyse de la qualité : comme dans n’importe quelle entreprise de fabrication, le traducteur fournit un service qui se doit d’avoir été relu et contrôlé à l’aide de paramètres spécifiques.
Les avantages du traducteur professionnel par rapport à l'IA
L’IA est bien évidemment dotée d’une capacité inégalée de recherche au sein d’une base de données, à laquelle jamais aucun un humain ne pourra avoir accès. La recherche terminologique et la recherche documentaire seront logiquement plus fouillées que celle d’un traducteur. En revanche, le choix de la terminologie n’est jamais totalement garanti, car la machine se basant sur des résultats statistiques, rien ne prouve que l’utilisation la plus courante est bien celle qui convient dans votre contexte précis.
Par ailleurs, il existe tout un ensemble de situations périlleuses pour l’IA, qui risquent d’être à l’origine de ce que l’on appelle dans le jargon des « HALLUCINATIONS ».
Les causes les plus courantes de ces hallucinations sont indiquées ci-dessous :
- une erreur ou une coquille dans le texte source : l’IA est susceptible de corriger d’elle-même l’erreur si cette dernière est minime, par exemple en cas de lettre manquante ou d’inversion de lettres dans un mot. En cas d’erreur plus importante, un mot manquant par exemple, ou une répétition, il est fort probable qu’elle ne trouvera pas de solution dans sa base de données. Le traducteur va quant à lui signaler l’erreur ou demander des précisions au client, qui pourra corriger son document original.
- des incohérences ou erreurs flagrantes (par exemple dans des chiffres indiqués « l’entreprise exporte environ 180 % de sa production » – ne rigolez il m’est déjà arrivé de voir cela) : l’IA va traduire sans se poser la moindre question. Le traducteur en revanche va immédiatement réagir et interroger le client.
- aucune traduction ne figure dans la base de données de l’IA : une langue étant en perpétuelle évolution, des mots nouveaux apparaissent quasiment chaque jour. Et les bases de données de l’IA ne sont pas actualisées régulièrement. Par exemple, Chat GPT 4-o remonte à octobre 2023, la prochaine mise à jour est prévue d’ici l’été 2024. Dans ce cas, soyez prêt à tout : l’IA pourra au choix garder le mot dans la langue d’origine, l’ignorer totalement, voire essayer de procéder par analogie. Ce sera la surprise 🙂
- certains termes ne se traduisent pas, mais nécessitent une localisation ou des explications car ils sont spécifiques à un pays/à une région (par ex. certaines spécialités culinaires) : dans une telle situation, l’IA pourra garder le mot dans la langue d’origine, l’ignorer totalement dans la traduction, voire inventer quelque chose. Un peu comme les magiciens qui vous sortent une colombe de leur chapeau. Le résultat n’est absolument pas garanti. Le traducteur en revanche se chargera de reprendre le mot ou l’expression dans la langue d’origine, en y ajoutant une explication afin que les lecteurs puissent comprendre de quoi il en retourne.
- les jeux de mots : c’est souvent un casse-tête pour le traducteur. Dans certains cas, le maintien du jeu de mots ou le remplacement par un autre jeu de mots est possible, d’autres fois non. L’IA quant à elle n’y verra que du feu. Elle traduira sans se poser de question.
- les noms propres (de personnes, de villes, de produits, de collections de vêtements, d’événements…) : là aussi, l’IA fera selon son humeur. Parfois elle traduira, d’autres fois, non. En bref, ce sera au petit bonheur la chance ! Le traducteur, lui (ou elle), vérifiera que ces noms sont traduits si nécessaire, ou restent bien dans la langue d’origine si tels sont les besoins du client, et s’assurera également de l’unité de traduction tout au long d’une traduction, voire d’une traduction à une autre.
- les acronymes : vous devrez également être très vigilants en ce qui concerne les acronymes. Hormis les incontournables (OMS, ONU, OTAN et similaires), il est fort probable que la machine les laissera inchangées dans sa traduction, tout simplement parce qu’elle ne les connaît pas tous. De son côté, un traducteur humain veillera à rechercher la signification de chaque abréviation et à trouver leur équivalent dans la langue cible. S’il ne trouve rien, il posera la question à son client afin d’élucider le mystère.8
Dans tous les cas, rappelez vous toujours qu’une machine vous servira une traduction comme n’importe quel robot de fabrication. Il y a un « input » (le texte dans sa langue d’origine) et un « output » (le texte traduit), en fonction des données disponibles dans la base.
Dans le cas du traducteur humain, s’il y a le moindre doute, une possible erreur ou quoi que ce soit qui lui semble étrange, le traducteur vous interrogera pour obtenir des éclaircissements.
« L’intelligence, ce n’est pas ce que l’on sait
mais ce que l’on fait quand on ne sait pas. »
Jean Piaget, biologiste, psychologue et épistémologue suisse
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